Les jeux de société coopératifs
Un phénomène en pleine expansion
Les jeux coopératifs ont beaucoup gagné en popularité ces dernières années et attirent aujourd’hui un public de joueurs très diversifié. Le principe est simple, les participants jouent ensemble pour atteindre un objectif commun. L’adversaire, le jeu lui-même, nous pose des défis à relever ensemble. On retrouve désormais de la coopération dans plusieurs styles de jeux : ceux d’ambiance, dans les jeux dits « familiaux » ou dans les plus complexes, les jeux experts.
Un peu d’histoire…
Depuis des milliers d’années, les jeux de société ne cessent d’évoluer. Les jeux coopératifs n’ont vraiment été développés qu’à partir de la fin du XXe siècle. Comme évoqué dans l’article « L’évolution du backgammon à travers les âges » , le Senet, le Royal d’Ur ou même le Mehen font parties des jeux les plus anciens retrouvés à ce jour. Tous compétitifs, ce n’est toutefois que très récemment que les jeux coopératifs ont pris leur essor.
Les premiers jeux explicitement coopératifs ont émergé dans les années 70, souvent en lien avec des mouvements éducatifs et sociaux, qui prônaient la coopération plutôt que la compétition. Jim Deacove, concepteur et éditeur de jeux canadien, considéré comme un pionnier dans le monde de l’édition de jeux coopératifs depuis 1971, est arrivé au constat que l’impulsion initiale de jouer à un jeu est sociale ; nous sortons un jeu parce que nous voulons faire quelque chose ensemble. Ainsi, dans cette optique, c’est en 1979 qu’il sort « Earth Game », un jeu dans lequel il faut œuvrer ensemble pour la paix. Si on ne coopère pas suffisamment, on déclenche une guerre mondiale !
Au cours des années 1980 et 1990, les jeux coopératifs ont commencé à gagner en popularité auprès d’un public plus large avec des jeux comme Arkham Horror (première édition française en 1987), inspiré par les écrits de H.P. Lovecraft. Ce jeu introduit des mécanismes coopératifs dans un cadre narratif complexe. Les joueurs travaillent ensemble pour empêcher des entités cosmiques de détruire le monde.
C’est en 1989 que sort HeroQuest, un jeu pas totalement coopératif, étant donné qu’il y a un maitre du jeu, mais dont les autres joueurs collaborent pour explorer des donjons et accomplir des quêtes.
Ces deux jeux existent toujours dans des éditions modernes revisitées.
La révolution moderne des années 2000
Les années 2000 ont été marquées par une véritable révolution dans le domaine des jeux coopératifs, avec l’apparition de nombreux titres innovants qui ont marqués le genre.
Pandemic (2008) : créé par Matt Leacock, ce jeu est souvent cité pour avoir popularisé les jeux de société coopératifs modernes. Les joueurs sont des spécialistes qui doivent collaborer pour éradiquer des maladies à travers le monde. Son succès a conduit à plusieurs extensions et variantes.
Il a aussi, avec ses versions Legacy, participé à une autre évolution ludique ; évolution dont nous parlerons dans un prochain article.
Ci-dessous un petit coup d’œil sur la première et la dernière édition en date de Pandemic.
Ghost Stories (2008) : Une création d’Antoine Bauza marquante de cette période. C’est un jeu de défense coopératif où les joueurs incarnent des moines taoïstes protégeant un village contre des fantômes.
Les années 2010 et au-delà
La popularité des jeux coopératifs n’a cessé de croître, avec une diversification et une innovation en constante évolution.
L’île interdite (2010) et le désert interdit (2013) : Matt Leacock propose ici des mécanismes de survie coopératifs accessibles à toute la famille.
Hanabi (2010) : un jeu de cartes coopératif d’Antoine Bauza qui a remporté le Spiel des Jahres en 2013 et dont le succès ne désempli pas depuis. Les joueurs doivent travailler ensemble pour créer un magnifique feu d’artifice, tout en étant incapables de voir leurs propres cartes.
Mysterium (2015) : ce jeu d’ambiance innovant, palpitant et immersif revisite les jeux d’enquête et les jeux coopératifs. Un fantôme, incarné par un joueur, va essayer de faire comprendre aux autres joueurs, les médiums, qui l’a assassiné ; et cela, simplement en leurs donnant des cartes surréalistes, sujettes à plusieurs interprétations, symbolisant les visions des médiums. Grâce à ses rôles asymétriques, que vous incarniez un médium ou le fantôme, vous vous amuserez beaucoup à essayer de deviner ce que les autres joueurs/euses ont dans la tête.
Gloomhaven (2017) : ce jeu de plateau imposant combine des éléments de jeu de rôle et de stratégie et est considéré comme l’un des jeux coopératifs les plus complexes et immersifs jamais créés.
The Mind (2018) : gagnant du Spiel des Jahres la même année, Le but pour l’ensemble des joueurs est de défausser les cartes dans l’ordre croissant. Il n’y a pas d’ordre de tour, les joueurs jouent dès qu’ils pensent posséder la carte la plus faible. Le problème, c’est que les joueurs n’ont pas le droit de communiquer. Il faut jouer ses cartes au bon moment : quand vous le « sentez ». Pour l’anecdote, ce jeu est souvent considéré comme un OCNI (objet culturel non identifié) ou OLNI (objet ludique non identifié).
Just One (2018) : Spiel des Jahres en 2019, c’est un jeu d’ambiance coopératif qui vous fait jouer avec les mots.
Kosmopolit (2020) : guidé par une application, un serveur va prendre des commandes dans une grande variété de langues insolites (mais réelles) et les communiquer oralement en cuisine. Le chef de cuisine et ses assistants vont devoir trouver les bons ingrédients pour un plat avec un nom imprononçable. Un jeu extrêmement original et drôle où les défis évoluent au fil des parties.
Pourquoi jouer en coopération ?
Renforcer les liens sociaux : les jeux coopératifs encouragent les interactions positives entre les joueurs, renforçant ainsi leurs liens et favorisant l’entraide. Contrairement aux jeux compétitifs, où la réussite de l’un signifie l’échec de l’autre, les jeux coopératifs permettent à tous les participants de partager la victoire ou la défaite.
Développer des compétences : ces jeux nécessitent souvent une bonne communication, de la stratégie et de la planification. Ils peuvent être particulièrement bénéfiques pour les enfants, en leur apprenant à travailler en équipe et à résoudre des problèmes ensemble.
Eviter les soirées plombées par les mauvais perdants : les jeux de société coopératifs évitent les sentiments de frustration et de rivalité qui peuvent parfois surgir dans les jeux compétitifs. Cela crée une atmosphère plus détendue et inclusive, où le plaisir de jouer prime sur le désir de gagner.
Mais quelles mécaniques sont utilisées dans les jeux coopératifs ?
Objectif commun : tous les joueurs poursuivent le même objectif, qu’il s’agisse de sauver le monde, de résoudre un mystère ou de survivre à une apocalypse zombie.
Décision commune : les joueurs partagent souvent des informations et doivent prendre des décisions ensemble. La communication est cruciale pour réussir.
Contraintes de communication : un seul joueur connaît des informations cruciales pour la partie mais n’a pas le droit de s’exprimer librement ou alors toute parole est même proscrite. Il faut trouver le moyen de se faire comprendre, parfois avec des images ou un seul mot !
Rôles asymétriques : chaque joueur peut incarner un rôle ou une capacité unique qui contribue de manière spécifique à la réussite de l’équipe.
Défis dynamiques : les jeux introduisent régulièrement de nouveaux défis ou obstacles que les joueurs doivent surmonter ensemble, entretenant ainsi l’engagement et l’intérêt.
Dextérité : les jeux d’adresse ont aussi leurs versions coopératives, où il va falloir synchroniser vos mouvements pour réussir à amener un élément au bon endroit, par exemple.
Les jeux de société coopératifs offrent une alternative rafraîchissante aux jeux compétitifs traditionnels. Ils ont transformé la manière dont les joueurs interagissent autour d’une table en mettant l’accent sur la collaboration et l’interaction positive, ce qui permet aux joueurs de partager des expériences enrichissantes et parfois mémorables.
Que ce soit pour renforcer des liens, développer des compétences ou simplement passer un bon moment en famille, ces jeux ont définitivement trouvé leur place dans le paysage ludique moderne. On ne compte plus actuellement le nombre de jeux de société coopératifs : ils sont innombrables ! Du petit jeu de cartes au gros jeu expert, sans oublier les jeux d’énigmes et d’enquêtes, il y en a des tas !
Alors, la prochaine fois que vous sortez un jeu de société, pourquoi ne pas essayer de sauver le monde ensemble ?
Quelques bons jeux à venir découvrir en magasin que nous nous ferons un plaisir de vous présenter : Mot Malin, 50 Missions, The Game, Robin des Bois, Paléo, Perspective, 13 mots, Almost Innocent, Traître Mot, Spirit, Fiesta de los Muertos, Sync or Swim, …
Et pour les enfants : Le Verger, Le jeu du Loup, Little coopération, Nom d’un Renard, Détective Charlie, SOS Dino, Unlock Kids, Dodo, Zombie Kids, Bandido, et d’autres encore, …